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SHERBROOKE TIRE DE LA PATTE

ALAIN GOUPIL alain.goupil@latribune.qc.ca

SHERBROOKE — Les bibliothèques de Sherbrooke font piètre figure par rapport à celles de Trois-Rivières, Lévis, Saguenay et Gatineau. Que ce soit au chapitre du coût par habitant, des espaces disponibles, des technologies utilisées ou encore du nombre d’employés minimum requis, Sherbrooke arrive en queue de peloton parmi les villes québécoises de plus de 100 000 habitants.

Dans un diagnostic présenté aux élus par la firme de consultants Gagné Leclerc, on y apprend que Sherbrooke dépense environ 25 $ par habitant par année dans ses bibliothèques, alors que Lévis et Saguenay en dépensent 35 $ et Trois-Rivières 45 $. Gatineau, avec sa nouvelle bibliothèque Donalda-Charron, serait à des annéeslumière à tous les niveaux, selon le document.

Au total, Sherbrooke compte cinq bibliothèques municipales : Éva-Senécal, Bertrand-Delisle, Saint-Élie, Lennoxville et Gisèle-Bergeron. Pour chacune d’elles, le constat est le même : on parle de « désuétude » et de « déficit important » sur pratiquement tous les fronts, y compris en matière d’accessibilité.

« À Éva-Senécal, le fait qu’il n’y ait pas de stationnement gratuit est une contrainte importante et un irritant majeur », a indiqué le consultant André Leclerc, en s’appuyant sur un sondage mené auprès des citoyens.

Faut-il y voir un lien avec le fait qu’un Sherbrookois sur quatre (25,9 %) est abonné à la bibliothèque municipale, alors que cette proportion atteint 41 % à Terrebonne, 37 % à Trois-Rivières, 32 % à Gatineau et 31 % à Saguenay?

Bien que la collection de documents à laquelle les Sherbrookois ont accès est qualifiée de « généreuse », celle-ci occupe 50 % de l’espace, ce qui laisse peu de place aux espaces publics, note le consultant.

« Les espaces pour le public, comme la consultation, les aires de travail, l’animation, les expositions, les espaces collaboratifs, devraient représenter 40 %. On en a autour de 23 %. Autrement dit, on a une collection très importante compte tenu de l’espace qu’on a. C’est ce qui nous fait dire qu’à Sherbrooke, on a un important déficit d’espace et une utilisation non optimale de ces espaces. »

RESSOURCES HUMAINES

Les bibliothèques de Sherbrooke sont aussi mal pourvues en ce qui a trait aux ressources humaines.

Selon les normes directrices, il manquerait à Sherbrooke 14 employés équivalents temps complet, dont 6 bibliothécaires.

Or, si Sherbrooke voulait atteindre le niveau « excellent » de ces normes, c’est l’équivalent de 48 employés à temps complet qu’il faudrait ajouter. « C’est un élément important qui nous fait dire qu’il y a un manque de ressources humaines, essentiellement au niveau des bibliothécaires et des techniciens. Il y a une refonte en cours de l’organisation du travail. Il nous apparaît important de poursuivre cette refonte. »

ABSENCE DE STRATÉGIE NUMÉRIQUE

Que ce soit pour les employés ou les usagers, « un degré de désuétude certain » existe en ce qui concerne les postes informatiques (logiciels, bases de données, etc.) Il en va de même pour les outils de gestion, alors que les bibliothèques disposent de deux systèmes informatiques (Portfolio et Symphony) qui ne communiquent pas entre eux, indique M. Leclerc. Résultat, les données sur les usagers sont peu utilisées.

L’ajout de bornes en libre-service permettrait d’optimiser l’utilisation des ressources humaines. « On a un nombre restreint d’ordinateurs disponibles pour les usagers et aucun portable à jour pour les animations. On a peu de services en ligne disponibles et aucune carte d’abonnement numérique », a-t-il souligné

« Je ne blâme pas les services informatiques de la Ville, qui ont leurs propres enjeux, mais ce qui est clair, c’est que les mises à jour technologiques qui se font attendre réduisent l’efficience du service et retardent l’amélioration de l’expérience client ».

Un meilleur ratio technologie/ employé permettrait en outre de mieux utiliser les ressources disponibles au bénéfice des usagers. Selon les constatations, les employés des bibliothèques effectuent beaucoup de tâches cléricales répétitives qui pourraient être informatisées

« Si on avait une meilleure technologie, les heures disponibles pourraient être plus consacrées à des activités à valeur ajoutée, en relation avec les clients. »

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2023-02-04T08:00:00.0000000Z

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