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Le PDG prêt pour les défis à venir

ANTHONY OUELLET anthony.ouellet@latribune.qc.ca

SHERBROOKE — À l’aube d’une tournée d’assemblées citoyennes aux quatre coins de la région, le PDG du CIUSSS de l’EstrieCHUS, le Dr Stéphane Tremblay, reconnaît les différents défis qui attendent son établissement et souhaite entendre le point de vue et les craintes de la population à cet égard. Dans une entrevue exclusive accordée à La Tribune en marge de la première de ces rencontres, le Dr Tremblay donne notamment son point de vue sur les débordements aux urgences, la mise en place de nouveaux services et le besoin de main-d’oeuvre.

Quelques jours seulement après que La Tribune eut visité les installations de l’urgence de l’Hôpital Fleurimont, Stéphane Tremblay a d’emblée affirmé que les dirigeants du CIUSSS devraient « rester vigilants » dans un avenir rapproché pour s’assurer que les urgences sur le territoire pourront offrir continuellement un service sécuritaire aux usagers.

« Les défis sont présents. L’urgence est un environnement où il y a une certaine part d’imprévisibilité, plus que dans d’autres secteurs des hôpitaux. J’espère qu’on réussit à avoir un service de qualité. On reçoit certains témoignages de gens satisfaits de nos services, mais il est clair que l’on doit demeurer vigilant pour assurer la qualité des services », explique le Dr Tremblay.

Il cite la pandémie, qui a mis à rude épreuve les travailleurs de ce secteur, le vieillissement de la population et les troubles de santé qui l’accompagnent et l’évolution des différentes techniques de soin comme éléments qui « compliquent la prise en charge de la clientèle ».

C’est pourquoi le CIUSSS met de l’avant plusieurs nouveaux services, dont le guichet d’accès à la première ligne, pour dévier le plus de gens possible des urgences. « On bouscule un peu les gens dans la population pour qu’ils adoptent de nouvelles manières de faire, concède Stéphane Tremblay. Tous ces changements-là visent à amener les gens à la bonne place pour leur donner le bon soin et éviter de surcharger les équipes, ce qui nous mettrait à risque de perdre de la qualité de soins. »

Il convient que ce guichet n’est toutefois toujours « pas à maturité », ce qui le rend imparfait. « On a quand même desservi 20 000 personnes avec cet outil et, sur ces 20 000 personnes, environ 30 % avaient besoin d’une visite médicale », statistique qui peut démontrer que le recours à l’urgence dans le seul but de voir un médecin n’est pas toujours la solution.

« Il restera toujours des cas moins urgents dans les salles d’urgence, mais il y a quelques années, 70 % des personnes à l’urgence se classaient comme P4 ou P5 [les deux classifications les moins urgentes], alors qu’aujourd’hui, ils sont moins de 50 % », nuance-t-il.

QUESTION DE MAIN-D’OEUVRE

En pleine période de négociations entre le réseau de la santé et différents syndicats, le PDG du CIUSSS de l’Estrie-CHUS ne voit pas comment le temps supplémentaire obligatoire (TSO) pourrait être purement aboli. Il s’agit d’une demande phare de la FIQ, le syndicat des infirmières.

« Le besoin de main-d’oeuvre est toujours en équilibre avec l’offre de services. Il faut toujours garder cet équilibre-là. Le TSO reste une mesure de dernier recours, qui va rester une mesure de dernier recours. Je ne crois pas que ça va disparaître, ce qui n’empêche pas de ne pas l’utiliser pendant une longue période et de s’en saisir dans les moments où on en a vraiment besoin », analyse Stéphane Tremblay.

Il se dit par ailleurs fier des « pas significatifs » qui ont, selon lui, été réalisés par le CIUSSS de l’EstrieCHUS pour réduire le taux de TSO imposé et la concentration de ce TSO dans certaines unités.

Selon les données du ministère de la Santé et des Services sociaux, le taux de TSO a connu un pic, en Estrie, de 0,329 % des heures travaillées en juillet 2022. Selon les derniers chiffres, qui datent du 31 décembre 2022, ce taux se situait à 0,149 %.

Les enjeux de main-d’oeuvre se font aussi ressentir dans les établissements d’hébergement, notamment la toute nouvelle maison des aînés et alternative de Sherbrooke, qui n’a rendu disponibles que 48 de ses 120 places depuis son ouverture en novembre.

Stéphane Tremblay indique que de trouver l’équilibre entre l’affectation de la main-d’oeuvre dans cette nouvelle maison et le maintien d’un personnel suffisant dans les installations existantes demeure un défi.

« Si j’ouvrais tous les postes à la maison des aînés et alternatives demain, je les remplirais facilement. Par contre, ça laisserait à découvert d’autres secteurs », explique-t-il.

« Il faut que les équipes au CIUSSS de l’Estrie-CHUS s’assurent que l’expérience de travail de nos employés, peu importe le lieu, soit positive. À la limite, cette idéologie pourrait nous permettre de mettre à niveau certaines installations plus désuètes », ajoute le PDG du CIUSSS, sous-tendant que cette mise à niveau faciliterait la rétention de la main-d’oeuvre dans des milieux qui peuvent être moins attrayants que ceux offerts dans les nouvelles constructions.

Dans un autre dossier, il confirme que le déploiement d’Agili-T, la plateforme qui permet aux employés du CIUSSS de faire leur propre horaire, sera terminé pour tous les employés de classe 1 d’ici quelques mois. Cette classe comprend les infirmières, infirmières auxiliaires et les inhalothérapeutes et compte plus de 5000 employés.

DANS LES CHSLD

Questionné sur les conclusions du rapport d’enquête dans les CHSLD estriens, paru récemment, Stéphane Tremblay assure que les recommandations sont prises au sérieux par le CIUSSS.

Dans ce rapport, l’enquêteur note qu’un CHSLD en particulier, dont le nom est masqué, présente un « climat plus lourd » que les autres. Le Dr Tremblay n’a pas voulu préciser à La Tribune de quel CHSLD il s’agissait et assure avoir rencontré, lors de sa visite dans cet établissement, des employés qui « aiment leur milieu de travail », ce qui est « encourageant ».

L’enquêteur recommandait aussi au CIUSSS de l’Estrie-CHUS de mieux communiquer avec ses syndicats qui, notait-il, sont empreints « de la volonté de parler de ce qui peut rallier les gens, donner des services de qualité aux usagers ».

Le Dr Tremblay souligne que « des liens de communications » existaient déjà, mais qu’ils peuvent être améliorés. « Autant la direction que nos partenaires syndicaux, on souhaite avoir des échanges constructifs », maintient-il.

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