LaTribuneSurMonOrdi

Les drones: un fléau dans les prisons

TOMMY BROCHU tommy.brochu@latribune.qc.ca

SHERBROOKE — Les drones sont de plus en plus présents près des prisons du Québec. Depuis avril, quelque 450 engins volants ont été repérés près des établissements de détention de la province.

À la prison Talbot de Sherbrooke, la présence de 11 drones a été rapportée. Et selon le directeur général du réseau correctionnel de l’Ouestdu-Québec, François Demers, qui gère les prisons de Sherbrooke, Sorel, Saint-Jérôme, Hull et Amos, il pourrait y en avoir plus.

« Il y a une portion qu’on ne sait pas et on ne peut pas la chiffrer, indique-t-il. Si on a vu 11 drones à Sherbrooke et qu’on en voit encore, ça veut dire que certains d’entre eux ont réussi à compléter leur livraison. »

Cependant, M. Demers estime que les agents correctionnels récupèrent 82 % des colis, ce qui est « significatif », selon lui.

MATÉRIEL ILLICITE

Beaucoup de produits du tabac sont saisis. « Après, on a des cellulaires, des cartes SIM, des chargeurs, des stupéfiants et certains outils qui, éventuellement, peuvent permettre de trafiquer nos installations », renchérit François Demers, expliquant que des embouts de tournevis anti-vandales peuvent être livrés.

« Quand on ne veut pas que les gens jouent avec la plaque murale derrière un interrupteur, des vis particulières sont utilisées. Des gens font entrer ce type d’outil pour pouvoir nous déjouer au quotidien », déplore le directeur.

Mais la présence d’objets illicites en prison constitue un cercle vicieux. « Ça maintient un marché noir. Il y a des gens qui consomment et il y a une surenchère des prix. Les gens se ramassent avec des dettes. Certaines personnes peuvent avoir des problèmes avec les codétenus », confie M. Demers, ajoutant que ce phénomène provoque des tensions entre personnes incarcérées.

DES MÉTHODES QUI CHANGENT

Les méthodes pour faire entrer du matériel illégal étaient bien différentes lorsque François Demers était agent correctionnel dans les années 1990. « Ce qu’on voyait plus au début de ma carrière, ce sont des gens qui piquaient une course et venaient lancer une balle dans les coins extérieurs. Ces balles contenaient des stupéfiants, du tabac ou tout ce qu’ils tentaient d’introduire », se rappelle-t-il.

« L’autre méthode, c’est corporel, continue le directeur. Drone ou pas, ça continue. On continue à voir des événements qui impliquent des gens qui ont des substances dans leurs cavités corporelles. C’est aussi une façon de cacher les substances une fois qu’elles sont livrées. »

Or, les drones vont permettre de livrer de plus gros colis comme des cellulaires... ou des armes.

PEN GUNS

Selon le directeur, les fusils artisanaux comme les pen guns ne sont pas plus présents qu’avant dans les établissements carcéraux. « On a de temps à autre de l’information comme quoi il y a un pen gun. À ma connaissance, j’ai entendu parler de la saisie d’une arme de la sorte une seule fois en 1996. Ça remonte à très longtemps. On sait que ça existe, mais on n’en trouve pas ».

« Quand on a une information en ce sens, on met toutes les mesures en place pour que notre personnel puisse travailler de façon sécuritaire. Par la suite, on fait tout ce qu’il faut pour trouver l’arme si elle est présente », confirme-t-il, assurant que son personnel et lui ne prennent jamais une information à la légère.

Récemment, une arme de la sorte avait été recherchée à la prison Talbot de Sherbrooke. Des couteaux artisanaux et des stupéfiants auraient été retrouvés, mais pas de fusil.

PÉNURIE DE MAIN-D’OEUVRE

La pénurie de main-d’oeuvre frappe également fort dans les établissements de détention. « On a près de 400 postes vacants plus l’absentéisme. La prochaine cohorte à l’école nationale de police a été augmentée à 60 candidats », mentionne-t-il, travaillant également avec les ressources humaines pour faciliter le processus d’embauche.

Malgré tout, la population carcérale a constaté des impacts à cause de la pénurie de main-d’oeuvre. « On essaie de ne pas empêcher le temps de sortie. L’impact, c’est qu’on a limité le nombre de transferts entre les établissements. À quelques occasions, on a développé un plan de contingence, coupant ainsi des services comme les visites en présentiel », résume-t-il.

ACTUALITÉS DE LA SEMAINE

fr-ca

2023-02-04T08:00:00.0000000Z

2023-02-04T08:00:00.0000000Z

https://latribune.pressreader.com/article/281784223243318

Groupe Capitales Media