LES HYMNES NATIONAUX SONT-ILS « PASSÉS DATE » ?

«Les hymnes nationaux devraient-ils être mis à jour périodiquement?» se demande l’hebdomadaire britannique The Economist. Quand on y pense, plusieurs ont été composés lors de conflits sanglants. Un certain nombre appellent au meurtre. À croire qu’on les récite sans trop réfléchir.

L’hymne du Vietnam chante «les sentiers de la gloire pavés avec les corps des ennemis». La Marseillaise, l’hymne français, parle d’abreuver la terre de «sang impur». Sans parler de l’hymne du Sahara occidental, un pays sans statut officiel, qui appelle à «couper la tête de l’envahisseur».

En comparaison, l’hymne canadien apparaît moins sanguinaire. Mais qui oserait dire qu’il n’est pas vieillot, avec son bras qui porte l’épée et qui porte la croix? Même chose pour le God Save the King anglais, qui appelle Dieu à déjouer les ennemis «fripons».

Peu importe. Car l’air du temps n’est pas à la modernisation des hymnes nationaux. La tendance consiste plutôt à les transformer en objets de culte. Intouchables. Finie l’époque où un Mark Twain disait que les vaches sacrées font les meilleurs hamburgers...

En France, le fait de chahuter La Marseillaise peut valoir six mois de prison et plus de 10 000 $ d’amende. En Chine, une loi punit de trois ans d’emprisonnement le manque de respect envers l’hymne national. Le texte précise que l’hymne ne doit pas être diffusé dans une atmosphère «inappropriée», notamment lors de... funérailles.

Aux Philippines, la loi n’oblige pas seulement les citoyens à chanter l’hymne national chaque fois qu’il retentit. Elle leur ordonne aussi de le faire «avec ferveur». Les interprètes un peu tièdes s’exposent à un an de prison assorti d’une amende de 2500 $CAN.

On dira que le fait de chanter l’hymne national, la main sur le coeur, ne vous transforme pas automatiquement en citoyen exemplaire. Pas plus que le fait d’entrer dans un garage ne vous transforme en voiture. Mais il semble que tout le monde fait semblant de croire aux miracles.