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ANTHONY CALVILLO À COEUR OUVERT

MICHEL TASSÉ La Voix de l’Est

GRANBY — Anthony Calvillo a connu une formidable carrière avec les Alouettes et dans la Ligue canadienne de football. Mais tandis qu’il s’amusait à terroriser les défensives adverses, rares étaient ceux qui connaissaient les difficultés que le quart-arrière étoile avait rencontrées avant d’atteindre le sommet.

L’histoire de Calvillo, qu’il raconte dans sa biographie Le passeur, écrite en collaboration avec Joanie Godin, a de quoi inspirer n’importe qui qui a cette triste impression qu’il n’a pas ce qu’il faut pour réussir sa vie.

Calvillo est né dans un foyer violent, dans une banlieue pauvre de Los Angeles. Et il n’avait pas non plus ce grand talent naturel que possèdent souvent les meilleurs quarts-arrières. Ajoutons à cela que le cancer s’est invité deux fois dans sa vie, alors que sa femme puis lui ont combattu la maladie pendant qu’il vivait ses meilleurs moments avec les Alouettes.

« Ça aurait pu être facile parfois de m’apitoyer sur mon sort, mais je savais que ce n’était pas la solution, explique l’homme de 50 ans à l’autre bout de fil. Mon histoire n’est pas nécessairement pire que celle de bien d’autres, mais j’ai cette possibilité de la partager et peutêtre d’aider une personne à s’en sortir. »

Mais voilà, Calvillo aurait aisément pu tenter d’enfouir sous le tapis et à jamais ces années marquantes où son père s’en prenait à sa famille.

« Peut-être que si la Ligue canadienne n’avait pas tourné un documentaire sur moi en 2011, je n’aurais jamais parlé de mon enfance. Ça nous a forcés, ma mère, mes frères et moi à revenir sur le passé et à être capables de véritablement passer à autre chose. Aujourd’hui, j’en parle, mais j’ai fait la paix avec ce que j’ai vécu. »

N’empêche qu’il aurait pu, comme tant d’autres avant lui, répéter les mêmes erreurs que son père, décédé aujourd’hui.

« Ça, il n’en était pas question, il fallait briser le cycle de la violence, il fallait que je protège ma femme et mes deux filles. On ne contrôle pas tout dans la vie, mais on est quand même responsable des décisions que l’on prend, des choix que l’on fait. Et je n’allais pas devenir ce que mon père a été. »

Et il s’agit assurément de sa plus grande victoire.

HAM, LE MODÈLE

Malgré de beaux succès au football universitaire aux États-Unis, Anthony Calvillo n’a jamais vu les portes de la Ligue nationale s’ouvrir devant lui. Et si la Ligue canadienne n’avait pas précédé à une expansion au sud de la frontière, dans les années 1990, il n’aurait peut-être jamais joué chez les professionnels.

« Dans le sud des États-Unis, d’où je viens, la Ligue canadienne de football, ça ne me disait pas grandchose à l’époque. Les premières années (à Las Vegas et à Hamilton) ont été très difficiles, mais tout a changé quand j’ai compris que je devais être ouvert d’esprit et que je devais travailler très fort, beaucoup plus fort que je le faisais jusque-là. »

Lorsqu’il s’est retrouvé à Montréal, Calvillo est devenu l’élève de Tracy Ham, quart établi dans la Ligue canadienne. Il l’a écouté, observé et a mis en pratique ses enseignements. Et il a mené les Alouettes à trois conquêtes de la Coupe Grey et était encore, au moment de l’annonce de sa retraite en 2014, le meilleur passeur de l’histoire de tout le football professionnel.

Fier Montréalalais, Calvillo n’a jamais quitté sa ville d’adoption. Il est même devenu citoyen canadien. Ses filles parlent couramment français et sont les plus grandes fans des Alouettes, dont il fait toujours partie du personnel d’entraîneurs.

« Quand je les vois s’amuser avec leurs amies sur le terrain après le match, quand je les vois heureuses, je me dis que Montréal m’a beaucoup donné. Montréal, c’est chez moi, ma vie est ici. »

MAG SPORTS

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2023-02-04T08:00:00.0000000Z

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