Les Cantonniers, c’est sérieux ou pas ?

Les Cantonniers de Magog peuvent-ils refaire le coup lors des prochaines séries éliminatoires et devenir la première formation dans l’histoire de la Ligue M18 AAA du Québec à gagner la Coupe Jimmy-Ferrari quatre fois de suite? La question peut sembler prématurée, surtout que l’équipe n’a pu faire mieux que quatre victoires en neuf parties depuis le début de l’année 2023. Mais cette équipe commence à avoir des similitudes avec les trois éditions championnes de 2018, 2019 et 2022 malgré leur fiche ordinaire en ce début d’année. Rappelons que la pandémie avait interrompu les séries en 2020 (Magog avait terminé au premier rang du classement général) et qu’il n’y avait pas eu de saison en 2020-2021, la pandémie volant de nouveau la vedette aux joueurs.

Témoin privilégié de cette domination outrageuse des Cantonniers depuis la saison 2017-2018 dans la Ligue M18 AAA du Québec, je me dis qu’inévitablement on devra parler de cette dynastie au passé.

Pour être bien franc, le rendement des Cantonniers lors des mois de septembre, octobre, novembre et décembre ne m’a guère convaincu qu’il y aurait un autre défilé des champions dans le centre-ville de Magog. Les Cantonniers ne m’ont jamais donné l’impression qu’ils devaient être considérés comme des sérieux aspirants aux grands honneurs au même titre que les Vikings de Saint-Eustache, le Blizzard du Séminaire Saint-François et les Lions du Lac-Saint-Louis.

DES AJUSTEMENTS À FAIRE

On n’a jamais senti les joueurs de cette équipe sur la même longueur d’onde. Les élans individuels étaient favorisés au détriment du travail collectif. Pour employer une expression connue, on ne peut pas dire que ce sont tous les joueurs qui se faisaient mourir à l’ouvrage.

On ne comptait plus les batailles perdues à un contre un, jadis une des forces des Magogois. Se salir le nez pour le logo ne faisait pas partie des priorités de beaucoup trop de joueurs. Une exécution qui laissait à désirer et un jeu de puissance qui s’est cherché durant 30 parties faisaient également partie du paysage de l’équipe. Les Cantonniers nous avaient habitués à un taux d’efficacité frôlant les 30 pour cent sur leur jeu de puissance. Cette saison, l’avantage numérique commence à peine à s’installer avec aplomb.

Sans parler de bisbille, je m’interroge sur l’unité qui régnait dans cette équipe. Certains joueurs se voyaient peut-être déjà dans la LHJMQ aux Fêtes et ne se donnaient pas corps et âme pour l’équipe. Le personnel d’entraîneurs aussi avait ses torts, mais dans ce cas-ci on doit surtout pointer leur inexpérience.

Samuel Collard en est quand même à ses débuts comme entraîneur-chef dans le M18 AAA et ses adjoints Anthony Fortier et Hugues Verpaelst n’avaient jamais pris place derrière un banc avant cette saison. Qu’on le veuille ou non, le trio partait de loin.

En termes clairs, ce n’était pas la déroute, mais il n’y avait rien pour se péter les bretelles et croire en des jours meilleurs au sein de la troupe magogoise. L’équipe est parvenue à garder la tête hors de l’eau en raison de son talent. Mais le talent ne suffit pas pour soulever le gros trophée.

LE DÉCLIC

Je ne sais trop si les joueurs ont procédé à un examen de conscience durant la pause des Fêtes, mais voilà que l’équipe a haussé son jeu en janvier. Ne nous énervons pas et les plus chauds partisans de l’équipe auraient avantage à ne pas parier tout de suite leur maison sur la victoire de leurs favoris lors des prochaines séries.

Samuel Collard a parlé beaucoup de victoires morales après certaines défaites en janvier et il avait raison. Or, ai-je besoin d’insister pour vous dire que l’équipe ne veillera pas tard dans les séries avec des victoires morales?

Ce qui est plus encourageant, c’est de constater que l’équipe de Collard a décidé de chausser ses bottes de travail et plus personne ne joue les touristes dans le feu de l’action. Toute la différence est là. Il y a donc de l’espoir, d’autant plus que l’équipe joue mieux avec et sans la rondelle. Il y a encore place à amélioration et le dernier match local contre Laval-Montréal a prouvé que le travail est loin d’être terminé dans le camp magogois.

Pas moins de huit porte-couleurs de l’édition actuelle faisaient partie de l’équipe championne la saison dernière. De toute évidence ils donnent l’impression de ne pas vouloir laisser une autre équipe leur succéder. L’odeur de la Coupe Jimmy-Ferrari commence peut-être à se faire sentir.

Les Cantonniers ont rapatrié au cours des dernières semaines Olivier Lemieux et Eloi Bourdeau qui avaient entrepris la saison dans la LHJMQ. Voilà deux joueurs qui ont horreur de la défaite. Ils ne feront pas la différence à eux seuls, loin de là, mais Lemieux et Bourdeau se comportent comme si toutes les joutes étaient sans lendemain. Cela a un effet boule de neige dans l’équipe. Le plaisir de jouer est également revenu.

Les Vikings de Saint-Eustache, le Blizzard du Séminaire SaintFrançois et les Lions du LacSaint-Louis se démarquent depuis le début de la saison.

LA BARRE EST HAUTE

À moins d’une surprise énorme, ces trois formations feront aussi partie du carré d’as du circuit Lévesque. Reste à voir quelle sera la quatrième équipe à s’inviter à la danse du printemps? Les Cantonniers ont repris du poil de la bête. S’il y avait un bulletin à distribuer pour le premier mois de l’année, les notes seraient positives en dépit d’une fiche déficitaire.

Lors de la saison 2015-2016, les Lions du Lac-Saint-Louis avaient soulevé la coupe avoir terminé au 11e rang en saison régulière. Les Cantonniers peuvent s’en inspirer. Tout est possible dans le M18 AAA. Ce serait une erreur d’écarter trop rapidement les Cantonniers, mais il reste que la barre est haute.

À l’heure actuelle les Magogois ne font pas partie des favoris comme les Lions de 2015-2016. Il leur reste quatre parties pour préparer le terrain et être à leur meilleur pour le début des séries. Et ça prendrait aussi quelques victoires autres que simplement morales!