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LE MAGOGOIS PATRICK GUAY GARDE LE CAP

JEAN-GUY RANCOURT jean-guy.rancourt@latribune.qc.ca

MAGOG — Il ne faut jamais parier contre Patrick Guay qui a bien l’intention de faire sien le proverbe jamais deux sans trois. La même rengaine revenait souvent dans le cas du jeune Magogois : il lui manque quelques pouces et plusieurs livres sur son ossature pour espérer un jour percer chez les professionnels et même tirer son épingle du jeu dans l’ancienne Ligue midget AAA du Québec (aujourd’hui M18 AAA) et la LHJMQ.

On connaît la suite alors que Guay a brillé à sa seule saison dans l’uniforme des Cantonniers de Magog en 2017-2018 en étant le meilleur franc-tireur du circuit avec 34 buts en 39 parties. Dans les séries, il a été un des principaux artisans du championnat acquis par la formation magogoise. Dans la LHJMQ, après avoir été le choix du Phoenix de Sherbrooke en première ronde, le cinquième au total, Guay a complété son stage junior de quatre ans avec une moyenne d’un point par joute avec le Phoenix et les Islanders de Charlottetown, plus précisément 206 points en 205 matchs.

Le petit attaquant de cinq pieds neuf pouces n’a pas dérougi à ses débuts professionnels cet automne en amassant 24 points, dont 10 buts, en 23 parties avec les Pirates Ghost de Savannah, la filiale des Golden Knights de Vegas dans la ECHL. Des débuts retentissants qui lui ont valu d’être rappelé par les Silver Knights de Henderson, à moins de 30 kilomètres de Vegas, dans la Ligue américaine. Celui qui a soufflé les 20 chandelles le 29 août a une fois de plus montré ce qu’il sait faire de mieux en noircissant la feuille de pointage à quatre reprises avec deux buts et deux passes. Peu importe l’uniforme qu’il endosse, Guay a un impact et prouve qu’il n’a rien perdu de sa touche magique.

L’ADAPTATION

Patrick Guay est donc en voie de faire taire ses dénigreurs et, encore plus important, de donner raison aux Golden Knights de Vegas qui lui avaient consenti un contrat de deux ans de la Ligue américaine après en avoir fait leur choix de 5e ronde lors du repêchage de la Ligue nationale quelques semaines plus tôt.

« Ça se passe plutôt bien pour moi jusqu’ici, mais dans ce métier tu ne dois jamais rien tenir pour acquis, surtout chez les pros. Je fais la navette depuis le début de la saison entre la ECHL et la LAH. Je suis régulièrement rappelé dès qu’il y a des absents chez les Silver Knights. En quelques semaines j’ai vu la différence entre le junior majeur et la ECHL et celle entre la ECHL et la Ligue américaine. Dans la ECHL, je joue avec des hommes plus gros, plus forts. Tout est plus rapide que dans le junior majeur. Une fois dans la Ligue américaine les principales différences se situent au niveau de l’exécution et la vitesse de réaction. La Ligue américaine regorge de joueurs qui ont eu des séjours dans la Ligue nationale ou qui cognent à sa porte et ça paraît. Je réalise en même temps ce que ça prend pour atteindre l’objectif ultime qui demeure la Ligue nationale. Le défi est énorme et il n’y a pas une journée à perdre dans mon apprentissage. Chaque séance d’entraînement, chaque présence sur la glace dans un match compte. Mes responsabilités sont plus grandes avec les Pirates Ghosts et je suis utilisé plus sporadiquement avec les Silver Knights, ce qui est tout à fait compréhensible. Mon adaptation est loin d’être terminée », souligne Guay.

Celui-ci est en mesure d’établir un parallèle avec ce qu’il a vécu lors de ses deux premières saisons dans la LHJMQ avec le Phoenix de Sherbrooke de Stéphane Julien alors qu’il avait rarement sa place sur les trios un et deux de l’équipe. « Je suis devenu un joueur plus complet sous les ordres de Stéphane Julien. C’était la chose à faire. J’ai davantage exprimé mon talent offensif avec les Islanders de Charlottetown, mais aussi j’avais deux années complètes d’expérience derrière la cravate. J’ai été choyé de jouer sous deux entraîneurs compétents comme Stéphane Julien et Jim Hulton (Charlottetown). Ils ont contribué énormément à mon développement. »

UN PLAN

Guay est conscient qu’il a beaucoup à apprendre et que la patience est de mise. « À 20 ans, je ne suis même pas proche d’avoir atteint mon plein potentiel. Ce qui m’encourage, c’est que je sais que les Golden Knights ont un plan pour moi. Dans leur plan, ils ne me voyaient plus dans le junior à 20 ans. Ils voulaient me voir graduer chez les pros. J’étais d’accord avec leur évaluation même si je ne serais pas retourné dans le junior avec l’Armada (qui avait acquis ses droits) la tête entre les deux jambes. L’organisation des Golden Knights s’intéressait déjà beaucoup à moi. Cet été les négociations pour mon premier contrat professionnel ont toujours été constructives. Bref, je me retrouve dans un environnement profitable à mon développement. Les cadeaux qui tombent du ciel chez les pros n’existent pas. C’est à moi maintenant de répondre à leurs attentes », fait-il valoir.

Patrick Guay peut aussi se motiver en pensant à ceux qui ont toujours prétendu que son petit gabarit représentait un obstacle majeur dans son cas. On le disait trop petit pour briller dans la Ligue midget AAA et le même langage était entendu quand il a gradué dans la LHJMQ à 16 ans.

« Je ne peux empêcher les gens de penser ce qu’ils veulent, mais ils ignorent jusqu’à quel point je travaille sans relâche pour réussir et que je ne suis pas du genre à m’écraser devant les obstacles. Dans un sens ils me donnent une raison de plus de vouloir réussir à tout prix. Il y aura toujours des préjugés contre les joueurs moins costauds. La bonne nouvelle, c’est que le hockey a évolué. C’est le talent et la compréhension de la partie qui priment aujourd’hui. »

La notion du plaisir prend tout son sens chez Patrick Guay quand il chausse les patins. Tout ce qui lui manque est de savourer à nouveau un championnat d’équipe, son dernier remontant avec les Cantonniers de Magog, champions de la double couronne en 2017-2018.

« Quand tu goûtes à un championnat, c’est deux fois plus enrageant quand tu te retrouves du côté des perdants plus tard. Il faut dire qu’à Magog tout était parfait pour moi. Des coéquipiers en or que je n’oublierai jamais, un entraîneur hors pair en Félix Potvin et je jouais à 10 minutes de chez moi. Difficile de demander mieux », reconnaît Patrick Guay.

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2023-02-04T08:00:00.0000000Z

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