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DANS L’ATELIER DE COBURN

SARAH GENDREAU-SIMONEAU sgendreau@latribune.qc.ca

SHERBROOKE — Le Musée des beaux-arts de Sherbrooke (MBAS) présente, jusqu’au 23 avril prochain, une nouvelle exposition sur l’artiste peintre, photographe, illustrateur et dessinateur Frederick Simpson Coburn.

Qualifié d’« incontournable du paysage culturel d’ici » par la conservatrice Frédérique Renaud, le peintre estrien, né en 1871 à Melbourne dans les Cantons-del’Est et formé en Europe, est reconnu à l’international. Il avait un fort penchant pour sa région d’origine, qu’il a reproduite dans ses toiles.

« Sa signature, ce qu’on connaît le plus de lui, ce sont ses paysages hivernaux avec des charrettes, des chevaux, du bois. Il y avait alors un marché pour ça », explique Frédérique Renaud, qui ajoute que ce créateur décédé en 1960 s’est aussi distingué par ses nombreuses techniques acquises au fil du temps.

Intitulée Dans l’atelier de Frederick Simpson Coburn, l’exposition inaugurée cette semaine emprunte une voie plus large que le « Coburn classique » tel que les amateurs d’art le connaissent. L’objectif était plutôt de montrer l’atelier du peintre avec le matériel utilisé et toutes les étapes de création.

« On voulait mettre de l’avant la matière brute, les oeuvres inachevées, les croquis. Avant, ce qu’on avait présenté de lui, c’était une exposition majeure sur son travail, et une deuxième, il y a un peu plus de 10 ans, plus intimiste, où il y avait plusieurs portraits. Là, on avait envie que le visiteur entre dans l’atelier de l’artiste. »

1180 OEUVRES ET ARTEFACTS

Le MBAS compte un fonds d’archives constitué de plus de 1180 oeuvres et artefacts de différentes périodes de la vie du peintre, ce qui en fait la collection de Coburn la plus importante du pays.

« Pour des musées au Québec, d’avoir accès à une collection aussi importante d’un artiste du XIXe siècle, ce n’est quand même pas rien. C’est une grande chance d’avoir tout ce matériel-là dans la collection », insiste Mme Renaud.

Le parcours présente une mise en scène reconstituée de plusieurs des espaces d’atelier de Frederick Simpson Coburn, à travers le temps, mais également selon les étapes de son processus créatif.

« C’est un rapport intime à l’artiste qui passe par des carnets de ventes où il détaillait ses transactions, par ses pinceaux maintes fois utilisés, ou encore par sa muse, Carlotta. »

En entrant, les visiteurs pourront observer quelques photos de l’atelier du peintre, pour s’immerger dans le thème, ainsi que plusieurs objets importants de sa création.

« Coburn fait partie de ces premières générations d’artistes ayant connu la peinture en tube, explique Frédérique Renaud. Cette peinture-là était importante pour lui puisqu’il se promenait beaucoup, par exemple, pour aller peindre ses paysages hivernaux. Elle se transportait bien. »

L’ENVERS DU DÉCOR

Les objets ne sont pas les seuls témoins du passé créatif de l’artiste. Dans le fonds F. S. Coburn se trouvaient également plusieurs croquis qui ont servi à faire les oeuvres finales. « Les visiteurs pourront voir l’envers du décor, ce qui a permis à Coburn de réaliser ses toiles. »

Les gens pourront remarquer que Frederick Simpson Coburn observait et dessinait ce qu’il voyait, dans la ville ou autour de lui. Le Musée compte plusieurs de ses croquis de différentes époques, mais également des ébauches et des pochades.

« La pochade, c’est un travail de composition sur des cartons de bois. C’est comme si on faisait la toile, mais en plus petit, pour voir si la composition nous satisfait, pour ensuite la transposer en grand format. C’est l’oeuvre préparatoire », explique la conservatrice.

ILLUSTRATEUR POUR DE GRANDS AUTEURS

En plus de la peinture et du dessin, Frederick Simpson Coburn travaillait les illustrations pour des romans ou des recueils de plusieurs auteurs, dont Edgar Allan Poe et William Henry Drummond. Les illustrations étaient des oeuvres en soi, selon lui. Il s’appliquait pour représenter les expressions des visages et les mouvements des corps. La technique était différente de la peinture, mais elle a influencé son travail de peintre par la suite.

Quelques illustrations de Coburn sont exposées pour, encore une fois, mettre de l’avant le processus créatif dans la vie de l’artiste, ainsi que son côté polyvalent. « Cette étape lui a permis de se laisser aller dans la créativité par la suite. »

Pour terminer la visite, le Musée présente deux oeuvres inachevées de l’artiste. « On a tellement de matériel et de choses à faire avec ce fonds-là, c’est riche. Ces oeuvres sont inachevées, à l’étape d’ébauche. On ne sait pas pourquoi il ne les a pas terminées, mais nous voulons continuer de promouvoir son patrimoine », souhaite Frédérique Renaud.

Plusieurs questions peuvent émerger alors dans l’imaginaire des visiteurs sur les raisons qui poussent un artiste à finir une oeuvre plutôt qu’une autre.

EXPOSITION

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2023-02-04T08:00:00.0000000Z

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