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CRÉER L’ART COMME LA VIE

STEVE BERGERON steve.bergeron@latribune.qc.ca

SHERBROOKE — Jean Paul Riopelle et Bonnie Baxter ont été plus que des collaborateurs : ils ont été carrément des amis. Tous deux ont vite réalisé qu’ils avaient un énorme point en commun : il n’y avait pas de frontière entre leur vie et leur création.

« Tous les deux, on partageait ce grand amour pour la nature et les animaux, mais surtout, on ne créait pas seulement de 9 à 5, avant de souper et d’aller dormir : on était toujours en train de travailler, et sur plusieurs choses en même temps. La manière de créer de l’art, c’était la manière de créer de la vie », résume l’artiste américaine, qui a adopté le Québec à la fin des années 1960, après être tombée amoureuse d’un artiste québécois pendant ses études à l’Académie d’art de Cranbrook, dans le Michigan.

C’est Jean Paul Riopelle, à la recherche d’un atelier de gravure, qui a communiqué avec elle au milieu des années 1980. Le peintre trouvait difficilement ici les mêmes commodités et expertises qu’à Paris pour explorer cet art comme il souhaitait le faire. Quand il a appris que Bonnie Baxter avait ouvert en 1982 l’Atelier du Scarabée à une vingtaine de minutes de chez lui (il habitait Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson), il a sauté sur l’occasion.

« Il m’a invitée chez lui. J’y suis restée tout l’après-midi, j’ai rencontré sa femme de l’époque qui est devenue une grande amie. Il m’a ensuite invitée à souper, avec mon chum. Nous avons passé une magnifique soirée, et au moment de nous en aller, Jean Paul m’a dit : à demain! Et c’était parti pour huit ans! »

Créer avec Jean Paul Riopelle s’est avéré un immense plaisir pour Bonnie Baxter. « On était toujours ensemble, on mangeait, on voyageait même ensemble. Lorsque j’enseignais à Concordia la semaine, c’est lui qui gardait mon chien. »

Même si elle avait une certaine expérience comme graveuse, Bonnie Baxter s’est vite aperçue qu’avec son nouvel ami, tout serait inédit. « On ne faisait jamais quelque chose que j’avais déjà fait avant. C’était toujours de l’invention. On a créé différentes techniques ensemble. En tant qu’Américaine, j’ignorais plusieurs principes de la gravure comme en Europe, mais c’est justement ce que Jean Paul souhaitait : il détestait les règles et voulait s’en éloigner. Par exemple, est-ce que c’est possible de marier la lithographe avec l’eau-forte? Il connaissait les bases comme moi, mais pour le reste, il n’a jamais été standard. »

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2023-02-04T08:00:00.0000000Z

2023-02-04T08:00:00.0000000Z

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