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DE JONQUIÈRE À ALEGRIA

DANIEL CÔTÉ Le Quotidien

SAGUENAY — Francesca Gagnon est la voix d’Alegria, chanson emblématique du Cirque du Soleil. Elle l’a interprétée aux États-Unis, au Canada et en Australie. Un fabuleux parcours qui a débuté modestement à Jonquière, où cette artiste est née à la fin des années 1950.

Initiée au piano dès l’âge de dix ans, Francesca Gagnon a effectué ses premiers pas sur une scène en accompagnant sa soeur. « Elle faisait des chansons populaires dans les concours et gagnait tout le temps! »

Tout laissait croire que l’ombre serait le destin de Francesca, jusqu’à sa visite chez un ami musicien.

« Comme il possédait un micro, j’ai chanté avec et ç’a cliqué, tellement que j’ai commencé à donner des spectacles dans les salles de danse. Je faisais du Brel, du Piaf. Mon coeur battait à 100 milles à l’heure parce qu’à travers ça, je passais les émotions que je ressentais. »

Trois ou quatre soirs par semaine, jusqu’à l’âge de 18 ans, l’adolescente a évolué au sein de trois groupes qui faisaient le circuit des bars à une époque où la cigarette était reine. « Ces expériences m’ont formée, tandis que la fumée a donné sa couleur à ma voix », souligne-t-elle.

L’APPEL DU CIRQUE

Ensuite, il y a eu l’arrivée à Montréal à l’âge de 21 ans. Parmi ses contrats, elle mentionne celui qui la liait à l’orchestre de Georges Fiori, père de Serge. Il était spécialisé dans la musique de ballroom. Deux albums ont ensuite été enregistrés et c’est grâce à la chanson Nuits magiques avec toi que Paris lui a tendu les bras en 1989.

« J’ai tellement aimé cette ville où j’ai chanté dans plusieurs cabarets, dont la Villa d’Este, le dernier où Brel s’est produit. Je ne suis revenue qu’en 1993 parce que mon père venait de décéder. Je me suis aussi occupée de ma mère », souligne-t-elle.

Épuisée, Francesca Gagnon n’en menait pas large quand un ami lui a appris que le Cirque du Soleil tenait des auditions afin de trouver une chanteuse. Ce qu’elle ignorait, c’est que le compositeur René Dupéré avait vu défiler plein d’interprètes qui, de son point de vue, ne correspondaient pas au profil recherché.

« Dès que j’ai entendu Francesca, j’ai su que ce serait elle en raison de la qualité de sa voix et de l’émotion qu’elle savait exprimer », met-il en relief. « Moi, je suis tombée en amour avec la musique de René, complète son amie. Je faisais des paroles inventées sur ses mélodies et, quand l’album est né, j’ai tenu à ce qu’on ajoute de vrais textes. »

L’oeuvre en question, Alegria, fut un spectacle, en même temps qu’un enregistrement qui a séjourné pendant 56 semaines au palmarès du magazine Billboard. Quant à la chanson du même nom, elle est devenue emblématique du Cirque du Soleil.

« Son succès tient à la conjonction d’une voix, du texte et de la musique », résume René Dupéré, 29 ans après l’arrivée de cette pièce dans l’espace public.

MUSIQUE

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