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LE COUP DE CIRCUIT DES FRENCHIES

JÉRÔME GAUDREAU jerome.gaudreau@latribune.qc.ca

SHERBROOKE — Il fallait bien un interview avec Claude Raymond sur le baseball au Québec et sa biographie intitulée Frenchie pour assister le même soir au magnifique circuit de deux points du Québécois Abraham Toro, mercredi contre les Blue Jays de Toronto. L’ancien lanceur des Expos de Montréal a certainement esquissé un sourire en constatant l’exploit du joueur des Brewers de Milwaukee puisque quelques minutes plus tôt, il vantait justement les mérites de nos représentants québécois dans les ligues majeures.

Présent au match d’ouverture des Expos de Sherbrooke il y a deux semaines afin de notamment présenter son livre, écrit par Marc Robitaille, Claude Raymond se trouvait dans ses plates-bandes au moment de recevoir l’appel de La Tribune.

La légende vivante du baseball au Québec ne demandait pas mieux que de prendre une petite pause afin de jaser baseball.

« À condition que tu m’envoies une copie du journal par la poste! » lance-t-il.

S’il est le premier à se réjouir de la santé du baseball au Québec, l’ancien joueur professionnel et analyste sportif admet que tout n’est pas parfait.

Pas de club des ligues majeures à Montréal, pas de stade extérieur de grande capacité dans la métropole, une faible implication des Blue Jays au Québec et l’absence de clubs élites dans certaines grandes villes du Québec : il y a encore du travail à faire dans le baseball québécois.

Mais en voyant des programmes comme l’Académie de baseball du Canada ou bien encore des joueurs professionnels du Québec évoluer chez les pros, Claude Raymond ne peut que constater l’évolution.

« C’est agréable de suivre des joueurs comme Abraham Toro, ou bien encore Charles Leblanc des Marlins, Otto Lopez des Blue Jays et Édouard Julien des Twins. On a aussi de bons gestionnaires, comme Alex Anthopoulos, le directeur général des Braves. On mise sur des gars comme Michel Laplante, le président des Capitales de Québec de la Ligue de baseball Can-Am ou bien encore Marc Griffin. Les entraîneurs au Québec sont excellents également. Le nombre

d’inscriptions grimpe sans cesse et les partisans sont encore bien présents. Combien de fois je croise des Québécois qui me parlent de leur voyage annuel vers Chicago, Toronto, Oakland ou Boston par exemple? Et même si les Expos sont partis il y a 20 ans, les jeunes veulent jouer au baseball et les amateurs suivent toujours ça! »

LE SUCCÈS D’UNE MÉTROPOLE?

Dans tous les joueurs nommés plus haut, un seul ne provient pas du Grand Montréal : Édouard Julien, fier représentant de Québec, comme Marc Griffin de Sainte-Foy.

Même les Derek Aucoin, Russel Martin, Éric Gagné et Denis Boucher proviennent de la métropole ou des alentours.

À quand le jour où un Sherbrookois, un Granbyen ou un Chicoutimien se retrouvera dans le baseball majeur?

« Je me souviens de l’époque où je devais partir de Saint-Jean en autobus pour me rendre au stade à Montréal. J’avais même dû donner une fausse adresse pour faire partie d’une ligue à Montréal. Les joueurs élites des régions doivent encore se rendre à Montréal pour rejoindre les programmes de baseball importants et c’est normal de vouloir réunir les meilleurs ensemble. L’ABC est une belle réussite et Baseball Québec fait un bon travail. Il faudrait d’abord retrouver une équipe junior élite dans des villes comme Sherbrooke et Trois-Rivières. Dans la ville de Québec, le baseball est bien implanté et on voit le résultat avec Édouard Julien. Ça prend aussi des initiatives comme la Classique Claude-Raymond, qui réunit les 90 meilleurs joueurs de moins de 14 ans sur un total de 2300 candidats », soutient l’homme de 86 ans.

Selon lui, il est normal de voir les adolescents et jeunes adultes faire des sacrifices en quittant la maison familiale pour rejoindre les programmes élites.

« L’ABC prend les études au sérieux et encadre très bien les plus jeunes joueurs. On ne peut pas se plaindre. C’est une belle initiative de Baseball Québec. Pour monter, tout le monde doit faire ces concessions. »

RETOUR DES EXPOS : CLAUDE RAYMOND Y CROIT ENCORE

Il ne manquerait qu’un club professionnel à Montréal et un plus gros stade extérieur pour que le Québec retrouve ses lettres de noblesse dans le monde du baseball.

Mais ce n’est pas demain la veille, même si Claude Raymond y croit encore.

« J’espère ne pas me retrouver en chaise roulante lorsqu’ils m’inviteront à effectuer le lancer protocolaire, lance-t-il en riant. Il me reste environ 20 ans, j’espère, pour pouvoir célébrer le retour du baseball professionnel à Montréal. Oakland veut déménager à Vegas et l’idée d’une garde partagée avec les Rays de Tampa Bay était excellente à mon avis. Mais il s’agit d’une solution temporaire et difficile à appliquer. Est-ce que l’Association des joueurs du baseball majeur aurait accepté ça? Il aurait fallu loger les joueurs pour seulement trois mois. Le stade olympique aurait pu dépanner et Montréal le méritait. Il y a encore beaucoup de passionnés ici et partout au Québec. »

D’ailleurs, Claude Raymond remarque qu’à Montréal, il n’y a aucun stade extérieur de la taille de ceux de Trois-Rivières ou Québec.

« On a le stade Gary-Carter, qui comprend peut-être 1000 sièges, mais sinon, rien! Il y a visiblement un manque de volonté politique. Le baseball est tellement un beau sport pour toute la famille. Comme à Sherbrooke lors de la partie des Expos, chaque fois, ça fait une belle sortie. Mais on n’a pas les infrastructures suffisantes à Montréal. »

«

On a le stade Gary-Carter, qui comprend peutêtre 1000 sièges, mais sinon, rien! Il y a visiblement un manque de volonté politique. Le baseball est tellement un beau sport pour

» toute la famille.

— Claude Raymond

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2023-06-03T07:00:00.0000000Z

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