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LE GOÛT SUCRÉ DU BRÉSIL

GABRIELA FREIRE PÂTISSERIE FRANCIS HIGGINS Info : gabrielafreirepatisserie.square. site, @gabifreiregateaux sur Facebook et sur Instagram

QUÉBEC — En quittant le Brésil, Gabriela Freire a glissé dans sa valise le désir d’une nouvelle vie et la passion de la pâtisserie. Aujourd’hui, elle rêve de faire découvrir ses desserts aux Québécois, dont les mystérieux et succulents brigadeiros de son pays natal.

Rencontrée dans sa résidence de Québec, l’immigrante de 34 ans (on lui en donnerait 10 de moins) raconte avec générosité son parcours et ses rêves. « J’ai besoin de trouver une façon d’apporter quelque chose de différent et d’original, avec une touche à moi, dans tout ce que je fais », confie ce sympathique moulin à paroles qui s’exprime dans un très bon français coloré d’un adorable accent sud-américain.

Née à Petrolina, dans le nord-est du Brésil, Gabriela a d’abord étudié le journalisme pour se spécialiser dans le reportage culinaire. Ses sujets l’ont vite obsédée. Au point de demander aux pâtissiers qu’elle interviewait la permission d’apprendre à leurs côtés.

Cette passion léguée par sa grand-mère, jumelée à un grave problème de santé découvert trop tard qui l’a privée de 95 % de sa vision à l’oeil gauche, lui ont fait saisir l’importance de repenser sa vie.

Pendant son repos forcé, elle s’est mise à cuisiner intensément, apprenant sur le tas, laissant libre cours à sa créativité. Elle préparait des gâteaux pour ses amis « cobayes ». Elle en vendait même quelques-uns. Elle a aussi participé à une émission de téléréalité culinaire; une expérience décapante.

« Je commençais à trouver mon chemin », se souvient-elle.

LE RÊVE DE PARTIR

Elle avait visité Québec pendant deux jours en 2010, en marge d’un voyage à Toronto. Elle avait aimé, au point de s’imaginer y vivre un jour. Sept ans plus tard, son mari — un ingénieur en informatique francophile qui a étudié deux ans au pays de Molière — décrochait l’occasion d’immigrer dans la Belle Province pour le boulot.

« On rêvait de partir du Brésil pour la qualité de vie, pour fonder une famille et pour notre sécurité. Il y a malheureusement beaucoup de crimes là-bas et je ne voulais plus vivre dans la peur, dit-elle. Je ne sais pas faire beaucoup de choses, mais je sais rêver! Il faut toujours rêver parce qu’on ne sait pas où ça peut nous mener! »

Arrivée à Québec, elle amorce sa nouvelle vie, se plonge en affaires... et découvre l’hiver. « À Petrolina, il fait 38 degrés à l’année. Ici, il fait tellement froid! » rigole Mme Freire.

L’EXOTISME À SA FAÇON

Tout en suivant des cours de français, elle confectionne de manière artisanale des gâteaux avec une note brésilienne. Avec l’aide de l’organisme de soutien aux entrepreneurs alimentaires Mycélium, elle lance sa pâtisserie. Ses créations attirent l’attention, surtout quand elle décide de remplacer « caramel » par « dulce de leche » dans le nom de ses desserts. Comme quoi l’exotisme plaît!

« J’ai réalisé à ce moment que je pouvais parler de mes produits à ma façon. Je pouvais mettre ce que j’aime dans mes desserts comme je le faisais au Brésil : dulce de leche, fruit de la passion, guava, etc. » indique la maman du petit Leonardo, deux ans, dont le premier mot a été bolo (gâteau en portugais). « C’est alors que j’ai commencé à présenter mes brigadeiros. »

Les brigadeiros sont de petites boules sucrées, des espèces de truffes au chocolat, incontournables au Brésil. Quoique loin d’être inexistants ici, ils restent méconnus chez nous.

Le photographe et le journaliste du Soleil ont eu la chance de goûter aux brigadeiros préparés par Mme Freire pour l’entrevue. Au menu : une version traditionnelle au chocolat, une autre au dulce de leche recouverte de boules de caramel salé croquant, puis une dernière à la crème brûlée vanillée. Laissons de côté l’objectivité journalistique : on a eu le bonheur de découvrir de renversantes et succulentes bouchées sucrées, apprenant du coup la définition du mot gula, qui signifie gloutonnerie en portugais…

Aujourd’hui, Gabriela Freire est chef pâtissière au restaurant Helena du District Gourmet, dans SainteFoy. De plus, elle continue de préparer des desserts avec sa touche personnelle, par le biais de son entreprise basée dans la cuisine de sa maison, pour faire découvrir aux Québécois son talent et les saveurs de son Brésil natal.

« Je suis une autodidacte, mais je rêve de faire un cours professionnel et d’un jour ouvrir ma propre pâtisserie (avec pignon sur rue). Je sais que c’est un gros défi. Mais ma passion est de faire des desserts! »

Et des brigadeiros, bien sûr…

RÉGAL

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2023-06-03T07:00:00.0000000Z

2023-06-03T07:00:00.0000000Z

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